Centrafrique : La force de l'ONU a pris le relais de la force africaine.

16 septembre 2014. La nouvelle force de l'ONU en Centrafrique a officiellement pris le relais lundi de la force africaine (Misca) déployée dans le pays lors d'une cérémonie solennelle à la base militaire de l'aéroport de Bangui, a constaté un correspondant de l'AFP.
Le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a remis le béret bleu de commandant de la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (Minusca) au général camerounais Martin Chomu Tumenta, qui jusqu'alors dirigeait la Misca, en présence notamment des troupes, de la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, et de représentants des forces française Sangaris et européenne Eufor-RCA.
"Ce transfert d'autorité représente la réussite complète du mandat de la Misca et le commencement de l'action militaire et policière de la Minusca en République centrafricaine", a souligné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, tout en appelant les protagonistes du conflit à "cesser immédiatement les violences" et à faire progresser la transition politique.
"Notre mission peut se résumer en un triptyque : protéger la population, appuyer le processus politique et contribuer à la restauration de l'autorité de l’État", selon le général Babacar Gaye, chef de la Minusca.
La tâche s'annonce ardue et de longue haleine. Si les violences intercommunautaires massives entre populations chrétiennes et musulmanes ayant fait des milliers de morts depuis décembre 2013 ont cessé, elles ont provoqué un désastre humanitaire avec des centaines de milliers de déplacés et contraint à l'exode les civils musulmans de régions entières.
Surtout, cette crise est venue s'ajouter à de nombreuses autres (rébellions, mutineries, coups d’État... ) qui ont au fil des ans totalement déstructuré la société et l’État centrafricains et précipité les quelque 4,8 millions d'habitants dans la misère malgré le potentiel agricole et minier du pays.
"L’État n'existe plus dans ce pays. On est face au néant", constatait début septembre un diplomate occidental : "Il va falloir tout repenser, tout reconstruire. Et les Centrafricains n'ont pas les capacités pour cela, disons-le clairement. "
Face aux crises successives, la réponse internationale s'est à chaque fois "limitée à trois éléments importants mais insuffisants : une présence militaire, une forte assistance humanitaire et une aide budgétaire pour assurer la survie de l'administration", explique un récent rapport de l'International Crisis Group (ICG).
"Les précédentes interventions ont toutes échoué car elles ont ignoré ce problème structurel de la prédation comme mécanisme de pouvoir, sous sa forme étatique (banditisme d'Etat à travers la corruption, les pillages et la +mise en coupe réglée du Trésor public+ notamment) comme contre-étatique (les groupes armés)", détaille ICG.
Car, au fil des décennies, il y a déjà eu beaucoup d'interventions internationales dans le pays. C'est même une spécialité centrafricaine.
Aussi, les Centrafricains placent-ils désormais leurs espoirs dans l'action de la Minusca. Mais avec modération.
"Tout a été essayé pour permettre à la République centrafricaine une stabilisation quasi certaine. Mais c'est toujours un retour à la case départ", relève Ange Abdoul, cadre bancaire à Bangui : "Pour moi, le doute reste toujours permis" sur l'efficacité de la Minusca.