Allemagne : Quand un vent d'Afrique souffle sur la robe traditionnelle bavaroise.

19 septembre 2014. Deux créatrices d'origine camerounaise installées en Allemagne se taillent un beau succès en réinventant à partir de flamboyants tissus africains la robe traditionnelle bavaroise, la "Dirndl", célèbre dans le monde entier grâce à l'Oktoberfest dont la 181e édition débute samedi à Munich.
"Nous voulions relier les cultures", explique à l'AFP Rahmée Wetterich, 49 ans, qui a créé avec sa s?ur, Marie Darouiche, 61 ans, sa griffe de "Dirndl à l'Africaine", baptisée "Noh-Nee" qui signifie en swahili "cadeau de Dieu".
Ce mélange des savoir-faire a rencontré un véritable succès, à l'heure où le costume traditionnel redevenait à la mode, en Bavière, lui apportant un petit extra de modernité. "Nous n'avons pas changé la tradition mais nous l'avons rafraîchie", estime Mme Wetterich.
"La coupe de base (de la Dirndl) peut toujours être réinterprétée, c'est aussi peut-être pour ça que (cette robe) fonctionne si bien, il y a en a pour tous les goûts", explique à l'AFP Simone Egger, de l'Institut du folklore et d'ethnologie européenne de l'Université de Munich. "Parallèlement, cette "Dirndl à l'africaine" témoigne de la diversité de nos sociétés urbaines".
"Nous avons de tout comme clientes, des femmes du monde de la culture, celles qui aiment l'Afrique, mais aussi celles qui ont porté la Dirndl enfant et qui ne voulaient plus la porter, éprouvant même une aversion", décrit Mme Wetterich.
Il y a aussi "des femmes qui ont vécu à l'étranger, ne se sentent peut-être plus vraiment bavaroises mais qui le sont malgré tout. Elles disent: "ah enfin, je peux de nouveau porter mon propre "tracht" (costume traditionnel)", poursuit-elle.
"Il y a une certaine fascination autour du fait que nous ayons rapporté ces tissus qui sont si liés à l'Afrique et qu'il puissent aussi bien être connectés avec la tradition d'ici".
L'an passé, elles ont produit "quelques centaines" de robes. Chaque modèle - dont le prix est compris entre 500 et 1.100 euros - est réalisé par Marie Darouiche dans son atelier où travaillent quatre à cinq personnes, puis les robes sont intégralement produites dans les environs de Passau, près de la frontière autrichienne.
Totalement bavaroise, la "Dirndl à l'africaine" a également "un petit côté français", confie Rahmée Wetterich. "On a rajouté un jupon avec une petite dentelle très chic" qui, normalement, n'existe pas. C'est un petit hommage à leur nationalité: les deux fondatrices de Noh-Nee sont en effet françaises.